Le pickleball et le padel partagent un point commun : leur essor fulgurant en Europe et en Amérique du Nord. Pourtant, ces deux disciplines n’ont ni les mêmes règles, ni les mêmes sensations de jeu, ni le même esprit. Si le padel séduit les amateurs de tennis en quête de convivialité, le pickleball attire un public plus large, allant des retraités aux jeunes sportifs en passant par les clubs de tennis et les collectivités. Décryptage.
Des origines et des terrains très différents
Le padel est né au Mexique dans les années 1960, avant de conquérir l’Espagne puis la France à partir des années 2010. Il se joue sur un court fermé par des vitres et des grillages, mesurant 20 mètres par 10. Ces parois font partie intégrante du jeu : la balle peut rebondir dessus comme au squash, ce qui donne au padel son aspect spectaculaire et stratégique.
Le pickleball, lui, est né aux États-Unis en 1965, sur l’île de Bainbridge, près de Seattle. Il se pratique sur un terrain plus petit — environ un tiers d’un court de tennis —, sans parois, avec un filet légèrement plus bas. Son format compact et ses règles simples en font un sport très accessible, souvent installé sur des terrains de tennis réaménagés ou dans des gymnases.
Raquettes, balles et sensations : deux univers
La raquette de padel est pleine, percée de trous, souvent en fibre de carbone ou en mousse EVA. Elle permet des frappes puissantes, des effets et un jeu basé sur la vitesse et le placement.
La raquette de pickleball (appelée “paddle”) est plus plate, sans cordage ni perforations, souvent en composite ou en carbone. Elle offre un contact sec et précis, favorisant la maîtrise et les échanges rapides près du filet. Les frappes sont moins violentes qu’au padel, mais plus tactiques.
Côté balles, la différence est flagrante : le padel utilise une balle pressurisée proche de celle du tennis, tandis que le pickleball se joue avec une balle en plastique perforée, différente selon qu’il s’agisse d’un usage indoor ou outdoor. Ce simple détail change toute la dynamique : au pickleball, la balle rebondit peu et se déplace plus lentement, ce qui met l’accent sur le placement et la coordination plutôt que sur la force.
Règles du jeu : intensité contre précision
Le padel se joue le plus souvent en double, avec un système de points identique au tennis (15, 30, 40, avantage). Le service s’effectue à la cuillère, la balle doit rebondir avant d’être frappée, et les vitres prolongent les échanges, favorisant les coups de défense spectaculaires.
En pickleball, le score est plus simple (11 points gagnants, avec deux points d’écart). Le service s’effectue également à la cuillère, mais il doit traverser la zone de non-volée (“kitchen”). Cette fameuse zone interdit toute volée à moins de deux mètres du filet, obligeant les joueurs à faire preuve de patience et de précision. Le rythme du jeu est donc plus stratégique, alternant phases lentes et accélérations éclairs.
Accessibilité et esprit du jeu
Le padel demande une bonne condition physique et un apprentissage des rebonds sur les vitres, ce qui peut être intimidant pour les débutants. Il reste néanmoins très convivial et ludique, particulièrement apprécié des clubs de tennis pour compléter leur offre.
Le pickleball, lui, a bâti son succès sur son accessibilité. Le matériel est léger, les règles simples, et la cour réduite limite les déplacements. On peut y jouer à tout âge, en loisir ou en compétition. C’est d’ailleurs cette simplicité qui explique sa croissance exponentielle aux États-Unis, où il est devenu le sport à la plus forte progression depuis cinq ans, et son arrivée rapide dans les clubs français.
En résumé : deux sports complémentaires plus que concurrents
Padel et pickleball ont beau partager un certain esprit collectif, ils incarnent deux visions du jeu. Le premier mise sur la puissance, les rebonds et les effets. Le second privilégie la stratégie, le contrôle et la lecture du jeu. De plus en plus de clubs français choisissent d’offrir les deux disciplines, pour répondre à des publics différents. Ce qui les réunit, au fond, c’est cette même envie de jouer, d’échanger et de redécouvrir le plaisir d’un sport de raquette accessible et social.
Sources
- Fédération Française de Padel
- USA Pickleball Association
- Pickleheads.com – “Pickleball Statistics 2024”
- Le Monde du Tennis – Dossier “Padel : l’autre phénomène des clubs” (2023)
